mardi, juin 07, 2016

le village de Lay-Saint-Christophe, proche de Nancy, collectionne les fontaines. Vu dans le Parisien Le 11 août 2017

 

 

Meurthe-et-Moselle : aux mille fontaines, m'en allant promener

En Meurthe-et-Moselle, le village de Lay-Saint-Christophe, proche de Nancy, collectionne les fontaines. Et s'emploie à leur redonner une richesse touristique.

Plutôt que 1 000 fontaines, le village en compte en réalité 20, dont 17 toujours en eau.
Plutôt que 1 000 fontaines, le village en compte en réalité 20, dont 17 toujours en eau. LP/Olivier Corsan

Comme chaque été, le Parisien s'en va humer la campagne, raconter la France estivale, loin des métropoles et des autoroutes des vacances. Fêtes de village, bijoux discrets du patrimoine, musées insolites, artisans de talents... Notre camping-car emprunte les chemins de traverse pendant un mois et demi à la rencontre des terroirs, avec à son bord deux journalistes à l'affût. 22e étape de ce tour de France : la Meurthe-et-Moselle

Km 5287. Toute la nuit sur le parking de Bergheim, ce village du Haut-Rhin si joli, si fleuri, qu'il ressemble à un appartement-témoin de l'Alsace viticole. Au matin, on n'y voit goutte. Le château du Haut-Koenigsbourg s'évapore dans l'humidité. C'est le prélude à une histoire d'eau. Au revoir les Vosges forestières. En route pour la Lorraine et Nancy, sa patronne. Le long du chemin, les signes sont aquatiques : lacs de Pierre-Percée, Blainville-sur-l'Eau, bassin de Pompey, fêtes de lavandières annoncées ici et là. Nous filons vers Lay-Saint-Christophe. Quand on conduit, Saint-Christophe, c'est bon signe. La campagne elle-même s'évertue à ressembler à la mer. Elle y est calme et fluide. Les villages naviguent en solitaire, très éloignés les uns des autres, leurs clochers si bien cachés comme le chante Trenet. On pénètre dans Lay-Saint-Christophe par les ponts de la Seille.

La commune bénéficie de l'un des plus beaux jardins de France et d'un presbytère au registre de monuments classés. Stéphane Bern et Nicolas Stoufflet, animateur du « Jeu des 1 000 € », s'en sont grandement fait l'écho. Mais ce n'est pas la raison de notre passage. Nous venons venger une injustice. Car dans la France du tourisme, le village peut se prévaloir d'un label peu commun : le label fraîcheur. Il aligne en effet le long de ses rues une collection de fontaines essaimées de bas en haut. Elles lui valent d'être surnommé le Village des mille fontaines. Comme il n'est pas marseillais, le maire, Patrick Médart, préfère réduire la voilure. Elles sont au nombre de 20, dit-il, « dont 17 en eau », précise Anne-Marie Malhomme, adjointe à l'environnement.

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Voies d'eau

Toutes ont leur petit nom. Il y a celle du Prieuré, celle du Point du jour, de Chavenois, du Houchot ou cette autre, majestueuse, de la Samaritaine. On ne peut malheureusement l'admirer qu'en dernière page du bulletin municipal. Les murs d'une propriété privée la dissimulent désormais au public. Nombre de ces fontaines sont ornées d'une tête de lion. Mais les auges ont des margelles fendues. Les « moines », ainsi qu'on désigne les fûts d'où jaillit l'eau, sont mal en point. La ferronnerie et les tuyauteries sont à changer. Le calcaire et les algues ont fait des ravages. D'autant que les plus anciens de ces monuments datent de la fin du XIXe siècle.

N'empêche, tout ceci fonctionne plutôt bien, mais ce qui est certain, et ce n'est pas une autre Anne-Marie — Arnould — professeur d'histoire, mémoire vive de ces fontaines et conceptrice d'un circuit promenade assorti d'un parcours ludique pour les enfants, qui dira le contraire : cette corne d'abondance mérite de corner plus loin. Ne serait-ce, insiste-t-elle, que ce chapelet de repères a toujours été associé à des lieux de vie, de convivialité, de moments de détente. Il y a encore une poignée d'années, se souvient-elle, des figures locales venaient, sur ces margelles, refaire le monde et la commune. Depuis quelques mois, le maire et son adjointe ont décidé d'ouvrir les vannes d'une entreprise de rénovation générale. Mais cela coûte des sous. La Fondation du patrimoine a dit banco. Elle aussi juge qu'il est grand temps, pour la prospérité de Lay-Saint-Christophe, que les fontaines redeviennent une eau de vie.